Ce collier a été présenté en extraits au Temple protestant et à la Collégiale de Poissy
"Voici, oh qu'il est bon qu'il est doux pour des frères de vivre ensemble" (psaume 133, traduction Segond)
"Les textes que nous allons voir nous décrivent ce qui s'est passé parfois quand
une ou plusieurs personnes, plongées dans l'étude de la Torah, des Prophètes et
des Hagiographes, arrivent à percevoir le sens profond de l'Ecriture, de la
Parole une du Dieu un. A ce moment là un feu descend, qui n'est pas seulement
perçu par ceux qui étudient l'Ecriture, mais par d'autres personnes qui sont à
leur proximité. Tout se passe alors comme si la théophanie du Sinaï redevenait
actuelle pour ceux qui s'ouvrent au sens de la Parole de Dieu, ou qui ouvrent le
sens de cette Parole, ce qui revient au même.
Le récit le plus ancien, par
lequel nous commencerons, est rapport par le Talmud Yerushalmi Hagigah. Les
maîtres qui provoquent la descente du feu sont Rabbi Yehoshua et Rabbi Eliezer.
Elisha ben Abuyah qui raconte l'histoire, est connu pour avoir été un grand
maître avant de sombrer dans l'hérésie (Babli Hagigah 14 b, 15 a-b). La fête
donnée par Abuyah, père de Elisha, a eu lieu à Jérusalem, avant la destruction
du Temple, peut-être vers l'année 60. Nous ne sommes donc pas loin, dans le
temps et dans l'espace, de la Pentecôte lucanienne.
Talmud Yerushalmi
Hagigah II, 1, 77 b
Mon père Abuyah était un des grands personnages de
Jérusalem. Au jour de ma circoncision, il invita au festin tous les grands
personnages de la ville, les installa dans une maison et en établit une autre à
part pour R. Eliezer et R. Yehoshua. Lorsque les invités eurent fini de manger
et de boire, ils se mirent à battre des mains et à danser. R. Eliezer dit à R.
Yehoshua : " Pendant que ceux-ci passent leur temps à leur façon, occupons nous
à notre manière. " Ils se mirent donc à étudier les paroles de la Torah, passant
de la Torah aux prophètes et des prophètes aux Hagiographies. Un feu descendit
du ciel et les entoura. Alors mon père Abuyah leur dit : " Mes maîtres êtes-vous
venus pour mettre le feu à la maison ? " Ils répondirent : " Dieu nous en garde
". Mais nous étions assis et nous faisions un collier (HOREIM et non HOERIM
comme l'édition imprimée du Talmud l'écrit par erreur) avec les paroles de la
Torah. Nous passions de la Torah aux Prophètes, et des prophètes aux
Hagiographes, et voici que ces paroles sont devenues joyeuses comme elles
l'étaient quand elles furent données au Sinaï et le feu s'est mis à les lécher
comme il les léchait au Sinaï. Et en effet quand ces paroles furent, la première
fois données au Sinaï, elles furent données dans le feu, comme il est dit : " La
montagne était embrasée dans le feu jusqu'au cœur du ciel " (Dt 4, 11). Alors
mon père Abuyah leur dit : " Mes Maîtres, puisque telle est la force de la
Torah, si ce fils reste en vie, je le consacrerai à l'étude de la Torah. "
Une expérience analogue, mais datant du début du 2è siècle, nous est
rapportée à propos de Ben Azzaï, disciple de R. Aqiba, dans le Midrash Vayiqra
Rabbah (Par. 16, 4, Margoliut p. 354) et dans le Midrash Shir Ha-Shirim Rabbah.
Nous prenons la version de ce dernier Midrash, qui a l'avantage d'ajouter des
compléments au récit du premier.
Shir Ha-Shirim Rabbah (Sur Cantique des
Cantiques 1, 10) 11 c Cantique 1, 10 : " Ton cou parmi les colliers "
Alors
qu'ils faisaient un collier avec les paroles de la Torah passant des paroles de
la Torah aux Prophètes, et des Prophètes aux Hagiographes, voici qu'un feu
s'alluma autour d'eux et que les paroles étaient joyeuses comme elles l'étaient
quand elles furent données au Sinaï et en effet elles furent données au Sinaï
dans le feu, comme il est dit : " La montagne était embrassée dans le feu
jusqu'au cœur du ciel. " (Dt 4, 11)
Le Midrash continue en citant Vayiqru
Rabbah :
Ben Azzaï était assis et expliquait l'Ecriture et le feu était
autour de lui. On alla prévenir Rabbi Aqiba et on lui dit ce qui se passait. R.
Aqiba alla chez Ben Azzaï et lui dit : " J'ai entendu dire que tu expliquais
l'Ecriture et qu'un feu brûlait autour de toi. " Ben Azzaï lui répondit : " oui
". R. Aqiba lui demanda alors : " Peut-être avais-tu une vision mystique ? " Ben
Azzaï lui répondit : " Non ". J'étais assis et je faisais un collier avec les
paroles de la Torah, passant de la Torah aux Prophètes, et des Prophètes aux
Hagiographes, et les paroles étaient joyeuses et délectables comme elles
l'étaient quand elles furent données, la première fois, au Sinaï. Et en effet
elles furent, la première fois, données au Sinaï dans le feu, comme il est dit :
… (Dt 4, 11)
Le Midrash continue et nous transmet des traditions plus
tardive sur le même sujet :
Rabbi Abbahu (début du 4è siècle) était assis
et expliquait l'Ecriture et voici qu'un feu s'alluma autour de lui. Il se
demanda : " Est-ce que je fais un collier avec les paroles de la Torah de
manière incorrecte ? " En effet Rabbi Levi (fin du 3è siècle) a dit : " Il y a
des gens qui savent faire un collier mais qui ne savent pas percer correctement
les perles et il y en a qui savent percer les perles mais qui ne savent pas les
assembler en un collier. Moi, je sais à la fois assembler et percer. "